Les plus belles Citations de Charles Bukowski

❝ Charles Bukowski ❞ Écrivain américain  (Andernach, Allemagne, 1920 ~ San Pedro, Californie, 1994) Les Citations Célèbres de Henry...

❝ Charles Bukowski ❞

Écrivain américain 
(Andernach, Allemagne, 1920 ~ San Pedro, Californie, 1994)
Henry Charles Bukowski : Écrivain américain

Les Citations Célèbres de Henry Charles Bukowski :

La chose importante est la chose évidente que personne ne dit.
Les mariages, les liaisons, les amours d'une nuit l'avaient convaincu que l'acte sexuel ne valait pas ce que les femmes exigeaient en échange.
Les écrivains posent un problème. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend comme des petits pains, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend moyennement, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend très mal, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit n'est jamais publié et qu'il n'a pas assez d'argent pour s'éditer à compte d'auteur, alors il se dit qu'il est vraiment génial. En fait, la vérité est qu'il y a très peu de génie. Le génie n'existe quasiment pas, il reste invisible. Mais vous pouvez être assuré que les pires gratte-papier ont une confiance inébranlable en eux même.
Les hôpitaux, les prisons et les putes, telles sont les universités de la vie. J'ai passé plusieurs licences, vous pouvez me donner du Monsieur.
Extrait du film Barfly :
Des gens qui n'ont jamais de moments de folie. Quelle horreur que leur vie !
Extrait du film Barfly :
Cette urgence intérieure, comme une fleur, un festin. Cette chose qui me prend et qui rampe comme un serpent. Ce n’est pas la mort ; mais mourir résoudra son pouvoir. Un stylo désespéré m’échappe de la main. C’est dans une chambre minable qu’ils me découvriront, sans jamais savoir mon nom, ni mon propos, ni la valeur de mon évasion.
Au sud de nulle part [p 153 en Livre de Poche] :
Comme n'importe qui vous le dira, je ne suis pas un homme très affable. Les gens affables me donnent envie de dormir. J'ai toujours admiré les méchants, les hors-la-loi, les fils de pute. Je n'aime pas les petits gars rasés de près, portant cravate et nantis d'un bon boulot. J'aime les hommes désespérés, les hommes aux dents brisées et aux manières brusques. Ils m'intéressent. Ils ménagent plein de surprises et d'explosions. J'aime également les femmes de mauvaise vie, les pochardes vicieuses et fortes en gueule aux bas avachis et au visage ravagé dégoulinant de mascara. Les pervers m'intéressent davantage que les saints. Quand je suis avec des ratés, je me sens bien, étant moi-même un raté. Je n'aime pas loi, la morale, la religion, les règlements. Je refuse d'être modelé par la société.
Factotum :
Le boulot était simple et crétin, mais les employés trouvaient toujours un sujet d'agitation. Ils s'en faisaient pour leur boulot. Il y avait là un mélange de gars et de filles et il ne semblait pas y avoir de contremaître. Après quelques heures, une dispute éclata entre deux femmes. C'était au sujet des magazines. On emballait des bandes déssinées et quelque chose avait foiré. Les deux femmes devenaient violentes.
«Ecoutez, j'ai dit, ces bouquins ne valent la peine ni d'être lus, ni qu'on se dispute à leur sujet.
- Ça va, machin, qu'elle me dit, on sait que tu penses que ce boulot n'est pas assez bon pour toi.
- Pas assez bon ?
- Ouais, ça se voit. Tu crois qu'on avait pas remarqué ?»
C'est là que j'ai appris pour la première fois qu'il ne suffisait pas de faire son boulot, mais qu'il fallait aussi y trouver de l'intérêt, voire une passion.
Hollywood :
On nous traite comme des chiens, on fout en l'air nos meilleures idées, on transforme nos personnages en marionnettes, on édulcore nos dialogues - et qu'est-ce qu'on obtient au bout du compte ? La fortune !
Hollywood [p 113 en Livre de Poche] :
Le scénario avançait bien. Ecrire n'avait jamais été un travail pour moi. Aussi loin que remontaient mes souvenirs, ça s'était toujours déroulé de la même façon : mettre la radio sur une station de musique classique, allumer une cigarette ou un cigare, ouvrir une bouteille. La machine à écrire faisait le reste. Il me suffisait d'être là. Tout ça me permettait de continuer quand la vie elle-même avait peu à m'offrir, quand elle virait au film d'horreur. Il y avait toujours la machine pour m'apaiser, me parler, me divertir, me sauver. Dans le fond, c'est pour ça que j'écris : pour sauver ma peau, pour échapper à la maison de fous, à la rue, à moi-même.
Un jour, l'une de mes ex m'avait lancé : «Tu bois pour fuir la réalité !
- Bien sûr, ma chère», lui avais-je répondu.
J'avais la bouteille et la machine à écrire. Deux tiens valent mieux qu'un tu l'auras !
Hollywood [p 119 en Livre de Poche] :
Le cloisennement régnait toujours. Même dans ce jardin en ruine se reproduisaient les groupes des ghettos, les groupes de Malibu, les groupes de Beverly Hills. Ainsi, les gens les mieux habillés, en vêtements de grands couturiers, demeuraient ensemble. Chacun reconnaissait les siens et ne manifestait nulle envie de se mêler aux autres. Il me semblait déjà surprenant que certains d'entre eux aient accepté de venir dans un ghetto noir de Venice. C'est le dernier chic, avaient-ils peut-être pensé. Bien sûr, ce qui rendait tout ça puant, c'est que nombre des gens riches et célèbres n'étaient que de sales cons et de sales connes. Ils avaient simplement eu du pot. Ou s'étaient enrichi sur le dos de la stupidité des foules. En général, ils étaient sans talent, sans intelligence, sans âme, des étrons sur pattes, mais aux yeux du public, ils étaient comme des Dieux, beaux et révérés. Le mauvais goût créait plus de milliardaires que le bon. En définitive, ça se résumait à une question de suffrages. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Alors qui mérite quoi ? Personne ne mérite quoi que ce soit...
Hollywood [p 197 en Livre de Poche] :
Le téléphone sonnait sans arrêt. On désirait interviewer le scénariste. Je ne m'étais jamais rendu compte qu'il existait autant de magazines de cinéma ou de magazines qui s'intéressaient au cinéma. Ça me dégoûtait : cette fascination pour un genre qui, obstinément, immanquablement, film après film, se montrait incapable de produire quoi que ce soit de valable. Les gens étaient si habitués à voir de la merde sur les écrans qu'ils ne s'apercevaient même plus que c'était de la merde.
Les hippodromes représentaient une autre forme de gaspillage d'énergie et d'intelligence humaines. Les gens se pressaient aux guichets pour y échanger leur argent contre des tickets avec des numéros dessus. Et presque tous ces numéros étaient perdants. En outre, les sociétés de courses et l'Etat prélevaient 18 % sur chaque dollar joué, qu'ils se partageaient. Les plus cons allaient au cinéma et aux courses. Et moi, j'étais un con qui allait aux courses. Mais je m'en sortais mieux que la plupart des turfistes parce qu'après des années passées sur les hippodromes, j'avais fini par apprendre un truc ou deux. Chez moi, c'était un passe-temps, et je ne flambais jamais. Quand on a été pauvre longtemps, on en retire un certain respect pour l'argent. On ne veut plus jamais se retrouver sans le sou. C'est réservé aux saints et aux imbéciles. L'une des clés de mon succès dans l'existence, c'est qu'en dépit de toutes les folies que j'avais faites, je demeurais parfaitement normal : j'avais choisi de les faire, elles ne s'étaient pas imposées à moi.
Hollywood [p 230 en Livre de Poche] :
Et puis j'eus droit à ma petite bouffée d'orgeuil. Une équipe de télévision était venue d'Italie et une autre d'Allemagne. Toutes deux désiraient m'interviewer. Et toutes deux avaient des femmes à leur tête.
- Il nous a promis à nous d'abord, dit la réalisatrice italienne.
- Mais vous allez le vider de toute sa substance, dit la réalisatrice allemande.
- J'espère bien, répliqua la réalisatrice italienne. Je m'installai devant les projecteurs italiens.
- Que pensez-vous du cinéma ?
- Des films ?
- Oui.
- Je m'en tiens à l'écart.
- Que faites-vous quand vous n'écrivez pas ?
- Les chevaux. Je parie sur eux.
- Ils vous aident à écrire ?
- Oui. Ils m'aident à oublier que j'écris.
- Vous buvez dans ce film ?
- Oui.
- Vous trouvez que c'est courageux de boire ?
- Non, mais rien d'autre ne l'est.
- Que signifie votre film ?
- Rien.
- Rien ?
- Rien. Reluquer le cul de la mort, peut-être.
- Peut-être ?
- Peut-être signifie que ce n'est pas sûr.
- Qu'est-ce que vous voyez quand vous regardez le "cul de la mort" ?
- La même chose que vous.
- Quelle est votre philosophie de l'existence ?
- Penser le moins possible.
- C'est tout ?
- Quand vous ne trouvez rien d'autre à faire, soyez bon.
- C'est gentil.
- Etre gentil, ce n'est pas nécessairement être bon.
- Très bien, Mr Bukowski. Vous auriez quelque chose à dire aux téléspectateurs italiens ?
- Ne criez pas tant. Et lisez Céline.
Les projecteurs s'éteignirent.
L'interview allemande fut encore moins intéressante.
Hollywood [p 294 en Livre de Poche] :
Jon Pinchot s'avança :
- Salut, Sarah, salut, Hank, venez...
Un petit groupe de journalistes équipés de magnétophones à cassettes nous entoura. Je ne les connaissais pas. Quelques flashes partirent. Ils me bombardèrent de questions :
- Vous pensez qu'on doive faire l'éloge de l'alcoolisme ?
- Plus que de tout...
- Boire n'est pas une maladie ?
- Respirer est une maladie.
- Vous ne trouvez pas que les ivrognes sont odieux ?
- Si, la plupart. Mais la plupart de ceux qui ne boivent pas aussi.
- Qui peut s'intéresser à la vie d'un ivrogne ?
- Un autre ivrogne.
- Considérez-vous que l'alcoolisme soit socialement acceptable ?
- A Beverly Hills, oui. Dans les taudis, non.
- Etes-vous devenu "Hollywood" ?
- Je ne crois pas.
- Pourquoi avez-vous écrit ce film ?
- Quand j'écris, je ne me demande jamais pourquoi.
- Quel est votre acteur préféré ?
- Je n'en ai pas.
- Actrice ?
- Même réponse.
Jon Pinchot me tira par la manche.
- Il faudrait y aller. Le film va commencer...
Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau :
Se lamenter sur un cadavre est aussi inconséquent que de verser des larmes sur une fleur qu'on vient de couper. L'horreur, ce n'est pas la mort mais la vie que mènent les gens avant de rendre leur dernier soupir. Ils n'ont aucune considération pour elle et ne cessent de lui pisser, de lui chier dessus. Des copulateurs sans conscience. Ils ne s'obsèdent que sur la baise, le cinoche, le fric, la famille, tout ce qui tourne autour du sexe. Sous leur crâne, on ne trouve que du coton. Ils gobent tout, Dieu comme la patrie, sans jamais se poser la moindre question. Mieux, ils ont vite oublié ce que penser voulait dire, préférant abandonner à d'autres le soin de le faire. Du coton, vous dis-je, plein le cerveau ! Ils respirent la laideur, parlent et se déplacent de manière tout aussi hideuse. Faites-leur donc entendre de la bonne musique, eh bien ils se gratteront l'oreille. La majeure partie des morts l'étaient déjà de leur vivant. Le jour venu, ils n'ont pas senti la différence.
Vous voyez, sans les chevaux je perds mon sens de l'humour.
Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau :
Au final, j'aurai fait preuve en toutes circonstances d'une certaine somme d'indifférence et d'élégance. Ainsi je me rappelle la fois où les agents du FBI me tannèrent le cuir après m'avoir fait monter dans leur voiture. «MERDE, ALORS, CE CONNARD NOUS LA JOUE DEDAIGNEUSE !», s'était emporté l'un d'entre eux. Je ne leur avais pas, il est vrai, demandé pourquoi ils m'avaient arrêté ni où ils me conduisaient. «VOUS GOUREZ PAS, leur avais-je alors dit, je crève de peur.» Ils s'en étaient sur-le-champ trouvés ragaillardis. Pourtant, c'était assez simple, ils me paraissaient avoir débarqué d'une autre planète. Et je voyais mal comment établir le contact. Pour étrange que cela soit, leur présence ne me faisait ni chaud ni froid. Petite précision, mon comportement n'était étrange qu'au regard de la règle commune, pas selon mes critères. Je ne voyais que leurs mains, leurs pieds et leurs visages. Ce qu'ils avaient derrière la tête, je m'en tamponnais. Je n'ai jamais placé mes espoirs dans la raison ou dans la justice. Jamais, au grand jamais. Peut-être cela explique-t-il pourquoi je me suis toujours gardé d'écrire des livres à thèse. Pour moi, la communauté tout entière est frappée de non-sens, et personne n'y changera quoi que ce soit. On perd son temps à vouloir bonifier quelque chose d'aussi stérile. Ces tordus du FBI, en cherchant à me filer les foies, ne faisaient que se plier à la logique de leur fonction.
Le Postier [p 75 aux Éditions Grasset] :
Cette turne sur la colline respirait la mort. Je l'ai su le premier jour où j'ai poussé la porte-moustiquaire pour aller dans le jardin derrière. Un son zinzinant rebondissant vrombrissant bourdonnant est venu droit sur moi : 10 000 mouches se sont élevées dans les airs toutes en même temps. Tous les jardins avaient des mouches comme ça - il y avait ces hautes herbes vertes et elles créchaient là-dedans, elles adoraient ça.
Oh nom de Dieu, j'ai pensé, et pas une araignée à moins de 5 miles ! Comme je restais planté là, les 10 000 mouches ont commencé à redescendre du ciel, s'installant dans l'herbe, le long de la clôture, par terre, dans mes cheveux, sur mes bras, partout. Une des plus gonflées m'a piqué.
J'ai laché un gros mot et suis sorti m'acheter la plus grosse bombe de tue-mouches que vous ayiez jamais vue. Je les ai combattues pendant des heures, enragés, qu'on était, les mouches et moi, et bien des heures plus tard, toussant et malade à force de respirer le tue-mouches, j'ai regardé autour de moi et il y avait autant de mouches qu'avant. Je crois bien que pour chaque mouche que je tuais elles allaient dans l'herbe et en fabriquaient deux. J'ai abandonné la partie.
Pulp [p 12 en Livre de Poche] :
Pourtant, au départ, j'avais tous les dons. Par exemple, mes mains. De temps en temps, je les regarde et je réalise que j'aurais pu être un virtuose du piano, ou d'autre chose. Alors que, finalement, à quoi elles m'auront servi, ces mains ? A me gratter les couilles, à remplir des chèques, à cirer mes pompes, à tirer des chasses d'eau, etc. Conclusion, je les ai salopées, ces mains. Comme mon esprit, d'ailleurs.
Pulp :
Dans la vie, ne gagnent que ceux qui s'entêtent et auxquels la chance sourit. D'autant que, plus vous tenez ferme sur vos positions, et plus la chance peut se montrer bonne fille. Mais la plupart des humains lèvent le pied et échouent.
Souvenirs d'un pas grand-chose [p 227 en Livre de Poche] :
ABE MORTENSON, c'était la plaie de l'avoir autour. Mais, bah ! ce n'était quand même qu'un pauvre couillon. Un couillon, on peut lui pardonner parce qu'il ne fait jamais que courir dans la même direction et n'essaie pas de tromper son monde. Il n'y a que les trompeurs qui font souffrir les gens.
Souvenirs d'un pas grand-chose [p 239 en Livre de Poche] :
Je les regardai sortir de l'eau : on luisait de partout, on avait la peau douce et on était jeunes, on ne savait pas la défaite. Je voulais qu'ils veuillent de moi. Mais je refusais que ce soit par pitié. Et pourtant, malgré leurs corps et leurs esprits lisses et intacts, il leur manquait quelque chose : au fond, rien ne les avait jamais éprouvés. Lorsque, pour finir, l'adversité se mettrait de la partie, il serait peut-être trop tard. Ou alors, elle frapperait trop fort. Alors que moi, j'étais prêt. Enfin, peut-être.
Souvenirs d'un pas grand-chose [p 354 en Livre de Poche] :
Quant à ma vie, elle était toujours aussi lamentable qu'au jour de ma naissance. Une seule chose avait changé : maintenant, et ce n'était jamais assez souvent, je pouvais boire de temps en temps. Boire était la seule chose qui permettait de ne pas se sentir à jamais perdu et inutile. Tout le reste n'était qu'ennuis qui ne cessaient de vous démolir petit à petit. Sans compter qu'il n'y avait rien, mais alors ce qui s'appelle rien d'intéressant dans l'existence. Les gens vivaient en deçà d'eux-même, les gens étaient prudents, les gens étaient tous pareils. «Et dire qu'il va falloir continuer à vivre avec tous ces connards jusqu'au bout», pensai-je. «Nom de Dieu !» Et en plus, ils avaient tous des trous du cul et des organes sexuels ! Et des bouches ! Et des aisselles ! Et tout ça chiait et bavardait et était aussi mortellement ennuyeux que de la merde d'âne. Les filles ? Elles étaient belles de loin, lorsque le soleil jouait dans leurs cheveux ou brillait au travers de leurs robes. Mais à s'approcher d'elles et à les écouter couler de la cervelle par la bouche, on n'avait plus envie que d'aller s'enterrer sous une colline ou se cacher avec un fusil mitrailleur pour s'en protéger. Il était évident que je ne serais jamais capable d'être heureux, de me marier et d'avoir des enfants. Et pourquoi l'aurait-il fallu alors que je n'étais même pas foutu de me trouver un boulot de plongeur dans un restaurant ?
Souvenirs d'un pas grand-chose [p 387 en Livre de Poche] :
J'avais décidé que la fac n'était rien de plus qu'un endroit où se cacher. Les frappés qui finissaient par y rester à vie, ça se trouvait. C'était toute l'atmosphère universitaire qui respirait la mollesse. Personne ne vous y disait ce à quoi il fallait s'attendre dans la réalité. On vous bourrait de théories mais jamais on ne vous aurait dit combien les trottoirs étaient durs. Faire des études supérieures pouvait très bien vous bousiller un mec à jamais. Les livres, oui, ça pouvait ramollir. Une fois qu'on les avait refermés pour aller là-bas, là où ça se passait vraiment, il y avait besoin de savoir ce que personne ne vous disait jamais.
Souvenirs d'un pas grand-chose [p 397 en Livre de Poche] :
HISTOIRE de me préparer à l'avenir, je m'entraînai à la fréquentation des clodos. Ce que je découvris ne me plut guère. Ces hommes et ces femmes n'étaient ni brillants ni particulièrement audacieux. Ils ne voulaient rien de plus que la moyenne des gens. Sans parler de ceux qui étaient évidemment dérangés et avaient le droit de se balader dans les rues sans être inquiétés. Je remarquai que dans les cercles extrêmes de la société - ceux où l'on est ou très pauvre ou très riche - les fous avaient souvent toute liberté de se mêler au reste de la population.
Women [p 7 en Livre de Poche] :
J'AVAIS cinquante ans et n'avais pas couché avec une femme depuis quatre ans. Je n'avais pas d'amies femmes. Je les regardais quand j'en croisais une dans la rue ou ailleurs, mais je les regardais sans désir, avec une impression de futilité. Je me masturbais régulièrement, mais l'idée d'entretenir une relation avec une femme - même sans rapports sexuels - dépassait mon imagination. J'avais une petite fille de six ans, née hors mariage. Elle vivait avec sa mère, à qui je versais une pension alimentaire. Je m'étais marié des années auparavant, à trente-cinq ans. Mon mariage avait duré deux ans et demi. C'est ma femme qui avait demandé le divorce. Je n'avais été amoureux qu'une seule fois. Elle était morte d'une cirrhose. Morte à quarante-huit ans, alors que j'en avais trente-huit. Ma femme avait douze ans de moins que moi. Je pense qu'elle aussi est morte maintenant, mais je n'en suis pas sûr. Pendant les six années qui ont suivi le divorce, elle m'a écrit une longue lettre à chaque Noël. Je ne lui ai jamais répondu...
Women [p 60 en Livre de Poche] :
Nous nous sommes de nouveau disputés. Je suis retourné chez moi, mais je n'avais pas envie de rester là, à boire en Suisse. Il y avait des courses de trot attelé en nocturne. J'ai pris une bouteille et suis parti au champ de courses. Je suis arrivé en avance, j'ai choisi mes chevaux. Quand la première course s'est terminée, la bouteille était déjà plus qu'à moitié vide. Je mélangeais son contenu à du café brûlant et la mixture passait comme une lettre à la poste.
J'ai gagné à trois des quatre premières courses. Puis j'ai gagné un couplé dans l'ordre, si bien qu'à la fin de la cinquième course, j'avais près de deux cents dollars d'avance. Je suis allé au bar et j'ai consulté le tableau d'affichage. Ce soir là j'avais droit à ce que j'appelais "un bon tableau d'affichage". Lydia aurait été folle de rage si elle m'avait vu ramasser tout ce pognon. Elle n'aimait pas que je gagne aux courses, surtout quand elle perdait.
J'ai continué à boire et à raquer. À la fin de la neuvième, j'avais neuf cent cinquante dollars d'avance et j'étais fin soûl. J'ai mis mon portefeuille dans une poche intérieure et j'ai marché jusqu'à la cabine et j'ai composé le numéro de Lydia.
«Écoute bien, j'ai dit, écoute bien, espèce de salope. Ce soir, j'suis allé aux courses de trot attelé et j'ai gagné neuf cent cinquante dollars. J'suis un gagnant ! J'serai toujours un gagnant. Tu ne me mérites pas, salope ! Tu t'es foutue de moi ! Eh bien, c'est terminé, ras le bol ! Voilà ! J'ai pas besoin de toi et d'tes jeux à la con ! Tu m'entends ? Message reçu ? Ou est-ce que ton cerveau est encore plus épais que tes chevilles ?
- Hank...
- Oui ?
- Ce n'est pas Lydia. C'est Bonnie. J'garde les enfants de Lydia. Elle est sortie.»
J'ai raccroché. Suis retourné à la voiture.
Women [p 353 en Livre de Poche] :
Mon expérience avec Iris avait été délicieuse et satisfaisante, et pourtant je n'étais pas amoureux d'elle, ni elle de moi. S'attacher était facile, ne pas s'attacher difficile. J'étais attaché. Nous étions assis dans la VV, sur le parking supérieur. Nous avions du temps devant nous. J'ai mis la radio. Brahms.
«Te reverrai-je ? je lui ai demandé.
- Je ne crois pas.
- Tu veux aller boire un verre au bar ?
- Tu as fait de moi une alcoolique, Hank. Je suis tellement faible que je peux à peine marcher.
- C'est seulement la gnôle ?
- Non.
- Alors, allons boire un verre.
- Boire, boire, boire ! Tu ne penses donc qu'à ça ?
- Non, mais c'est un bon moyen de combler le fossé entre les gens. Comme en ce moment.
- Tu ne peux donc pas affronter les choses en face ?
- Je peux, mais je préfère pas.
- Mais c'est une fuite.
- Tout est une fuite : jouer au golf, dormir, manger, marcher, discuter, le jogging, respirer, baiser...
- Baiser ?
- Ecoute, on est en train de discuter comme des gosses. Je vais te mettre dans ton avion.»
Women [p 387 en Livre de Poche] :
«J'arrive demain soir. Tu viendras me chercher à l'aéroport ?
- Comment te reconnaîtrai-je ?
- Je porterai une rose blanche.
- Super.
- Dis-moi, tu es bien sûr que tu as envie que je vienne ?
- Oui.
- Parfait, je serai au rendez-vous.»
J'ai raccroché. J'ai pensé à Sara. Après tout, je n'étais pas marié avec Sara. Un homme a certains droits. J'étais écrivain. J'étais un vieux dégueulasse. Et puis les relations humaines étaient un tel fiasco. Seules les deux premières semaines étaient un peu émoustillantes, ensuite les participants perdaient de leur intérêt. Les masques tombaient, les gens se montraient tels qu'ils étaient : abrutis, imbéciles, givrés, revanchards, sadiques, assasins. La société moderne avait créé un type particulier, qui s'entre-dévorait avec son semblable. C'était un duel à mort - dans une fosse septique. Je me suis dit que le mieux qu'on pût espérer dans un rapport avec autrui était deux ans et demi. Le roi Mongut du Siam avait 9000 femmes et concubines ; Auguste le Fort de Saxonie avait 365 épouses, une pour chaque jour de l'année. La sécurité par la quantité.

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Poèmes & Poésies: Les plus belles Citations de Charles Bukowski
Les plus belles Citations de Charles Bukowski
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